L'herbe, source de nourriture et de plaisir pour les chevaux, peut se transformer en un piège insidieux. Le syndrome d'intoxication par les pâturages (SIP), aussi connu sous le nom de "maladie de l'herbe", est une condition potentiellement mortelle qui touche les chevaux chaque année.
Le syndrome d'intoxication par les pâturages : un danger pour les chevaux
Le SIP est causé par une consommation excessive de glucides provenant de l'herbe, notamment lors de la croissance rapide printanière. Cette surconsommation provoque une perturbation du métabolisme du cheval, conduisant à des complications graves.
Symptômes et gravité
Le SIP peut se manifester par divers symptômes, dont certains sont très sérieux. Voici les signes les plus courants :
- Coliques : Douleurs abdominales intenses, signe le plus courant du SIP. Le cheval peut se rouler, taper du pied, avoir une respiration rapide et un pouls élevé.
- Diarrhée : Perte de liquides et d'électrolytes, ce qui peut entraîner une déshydratation.
- Perte d'appétit : Le cheval refuse de manger, signe d'un malaise profond.
- Respiration accélérée : Difficulté respiratoire, signe d'une perturbation du métabolisme.
- Hyperthermie : Température corporelle élevée, signe d'inflammation et de stress.
Le SIP peut évoluer rapidement et entraîner la mort si les soins vétérinaires ne sont pas prodigués à temps. De plus, il peut causer des dommages à long terme, comme la laminite, une maladie douloureuse qui affecte les pieds des chevaux. La laminite peut entraîner une boiterie, des abcès et même une perte de pied.
Incidence du SIP
Le SIP est une maladie saisonnière, plus fréquente au printemps et en automne, lorsque l'herbe pousse rapidement. Elle touche les chevaux de tous âges, de toutes races et de tous sexes, et est particulièrement fréquente dans les régions à climat tempéré.
Selon les études, environ 10% des chevaux en pâturage développent des symptômes de SIP chaque année. Le coût du traitement du SIP peut varier de quelques centaines d'euros à plusieurs milliers d'euros, en fonction de la gravité de la condition et des complications.
Comprendre les mécanismes de l'intoxication
La croissance rapide de l'herbe est riche en sucres facilement digestibles, appelés glucides non structurels. Lorsque le cheval consomme une grande quantité d'herbe riche en glucides, son organisme est incapable de digérer et d'assimiler ces sucres à une vitesse suffisante.
Absorption rapide des glucides
Les glucides sont absorbés rapidement dans le sang, provoquant une élévation brutale du taux de glucose. Le pancréas est alors sollicité pour sécréter de l'insuline afin de réguler le taux de sucre dans le sang.
Perturbation du métabolisme
Une surproduction d'insuline peut perturber le métabolisme et causer des dommages aux organes, notamment au foie, aux reins et aux muscles. Cette situation peut également entraîner la production de toxines qui aggravent les symptômes du SIP.
Facteurs aggravants
Certains facteurs peuvent aggraver le risque de développer le SIP, notamment :
- Changement de régime alimentaire brutal : La transition de l'alimentation d'hiver (paille, foin) à l'herbe printanière peut être difficile pour le système digestif des chevaux.
- Alimentation excessive en concentrés : L'apport supplémentaire de glucides provenant des concentrés, en plus de l'herbe, peut aggraver le SIP.
- Conditions météorologiques : La pluie et les températures douces favorisent la croissance rapide de l'herbe riche en glucides, augmentant le risque de SIP.
- État physique du cheval : Les chevaux obèses, les juments gestantes ou allaitantes, ou encore ceux qui manquent d'exercice physique sont plus susceptibles de développer le SIP.
Prévenir le syndrome d'intoxication par les pâturages : un arsenal complet
La prévention est la clé pour éviter le SIP. Un ensemble de mesures simples et efficaces permet de limiter les risques pour les chevaux.
Gestion du pâturage
La gestion du pâturage joue un rôle crucial dans la prévention du SIP.
- Pâturage tournant : La rotation des pâturages permet de contrôler la hauteur de l'herbe et de limiter l'apport de glucides. En alternant les zones de pâturage, on permet à l'herbe de se régénérer et de réduire sa concentration en sucres.
- Fauche régulière : L'herbe haute et riche en sucres doit être fauchée régulièrement pour contrôler sa croissance.
- Réduction de l'apport d'engrais azoté : Les engrais azotés favorisent la croissance rapide de l'herbe, il est important de les utiliser avec modération.
Surveillance du comportement des chevaux
Il est important de surveiller le comportement des chevaux en pâturage.
- Signes de stress : Si les chevaux montrent des signes de stress ou d'anxiété, cela peut indiquer qu'ils sont en train de surconsommer de l'herbe.
- Excès de consommation : Observez si les chevaux consomment de grandes quantités d'herbe, surtout si elle est haute et luxuriante.
Séparation des chevaux à risque
Les chevaux à risque élevé de développer le SIP doivent être séparés des autres.
- Gestantes : Les juments gestantes sont plus sensibles au SIP, il est important de les surveiller de près et de les nourrir avec un régime adapté.
- Lactantes : Les juments allaitantes ont besoin d'une alimentation riche en nutriments, mais un excès de glucides peut être dangereux pour elles et leurs poulains.
- Obèses : Les chevaux obèses sont plus susceptibles de développer le SIP, il est important de les mettre au régime et de leur proposer un programme d'exercice physique adapté.
- Sujets à la laminite : Les chevaux sujets à la laminite sont plus sensibles aux effets du SIP, il est important de les séparer et de les surveiller de près.
Gestion de l'alimentation
La gestion de l'alimentation est un élément essentiel pour prévenir le SIP.
- Transition progressive vers le pâturage : Introduction progressive de l'herbe, diminution des concentrés. La transition doit se faire sur plusieurs jours ou semaines pour permettre au système digestif du cheval de s'adapter à l'herbe fraîche.
- Apport de foin de bonne qualité : Fournir une source de fibres et de nutriments essentiels. Le foin est une source de fibres importante qui permet de réguler la digestion et de réduire le risque de SIP.
- Éviter l'alimentation excessive : Contrôle des rations de concentrés, adaptation aux besoins du cheval. Il est important de s'assurer que les chevaux ne consomment pas trop de concentrés, qui peuvent fournir des glucides supplémentaires et augmenter le risque de SIP.
Conseils pratiques
Voici quelques conseils pratiques pour prévenir le SIP :
- Utiliser des clôtures mobiles : Faciliter la rotation des pâturages. Les clôtures mobiles permettent de créer des paddocks temporaires et de déplacer les chevaux régulièrement.
- Proposer des pâturages alternatifs : Pâturages secs, prairies pauvres en herbe, zones boisées.
- Aménagement d'abreuvoirs multiples : Encourager la distribution régulière de l'eau.
- Offrir des activités et des jeux : Stimuler l'exercice physique et réduire l'ennui. Le manque d'exercice physique peut augmenter le risque de SIP.
- Surveillance vétérinaire régulière : Contrôle de l'état de santé du cheval, détection précoce des symptômes.
Cas particuliers
Certains chevaux sont plus à risque de développer le SIP.
- Les chevaux obèses : Le surpoids augmente le risque de développer le SIP, une alimentation équilibrée et un programme d'exercice physique adapté sont essentiels.
- Les juments gestantes : Les juments gestantes sont plus sensibles aux effets du SIP, il est important de les surveiller de près et de les nourrir avec un régime adapté.
- Les juments lactantes : Les juments allaitantes ont besoin d'une alimentation riche en nutriments, mais un excès de glucides peut être dangereux pour elles et leurs poulains.
- Les chevaux sujets à la laminite : Les chevaux sujets à la laminite sont plus sensibles aux effets du SIP, il est important de les séparer et de les surveiller de près.
- Les chevaux âgés : Les chevaux âgés sont plus sensibles aux maladies et aux complications, une surveillance accrue est recommandée.
Il est important de sensibiliser les propriétaires de chevaux aux risques liés au SIP.
L'herbe reste un élément essentiel de l'alimentation des chevaux, mais une gestion attentive du pâturage et de l'alimentation est indispensable pour prévenir le syndrome d'intoxication par les pâturages.